Quels sont les facteurs favorisant le développement du marché des médicaments contrefaits ?

La contrefaçon de médicaments est un fléau mondial aux conséquences sanitaires et économiques alarmantes. Dans sa thèse intitulée "La contrefaçon de médicaments : état des lieux, moyens de lutte et conseils aux patients", soutenue en 2015 à l'Université de Bordeaux, Chloé Bourgoin analyse en profondeur ce phénomène et propose des stratégies pour le combattre efficacement.

Les travaux de thèse de Chloé Bourgoin

Chloé Bourgoin met en évidence que la contrefaçon de médicaments concerne tous les types de traitements, des médicaments vitaux aux produits de confort. Elle souligne que ce problème est particulièrement préoccupant dans les pays en développement, où jusqu'à 30 % des médicaments en circulation pourraient être contrefaits. Dans les pays industrialisés, bien que le pourcentage soit inférieur, la menace reste présente, notamment en raison de la vente en ligne de médicaments.

L'auteure identifie plusieurs facteurs favorisant la prolifération des médicaments contrefaits :

• Failles dans la chaîne d'approvisionnement : Des circuits de distribution complexes et mal contrôlés peuvent permettre l'introduction de produits falsifiés.
• Vente en ligne non réglementée : De nombreux sites internet proposent des médicaments sans autorisation, échappant ainsi aux contrôles sanitaires.
• Manque de sensibilisation du public : Les patients ne sont pas toujours conscients des risques liés à l'achat de médicaments en dehors des circuits officiels.

Moyens de lutte contre les médicaments contrefaits et illégaux

Pour contrer ce fléau, plusieurs mesures sont recommandées :

• Renforcement des cadres juridiques : La mise en place de lois strictes criminalisant la fabrication et la distribution de médicaments contrefaits est essentielle. La Convention MEDICRIME du Conseil de l'Europe, entrée en vigueur en 2016, est un exemple notable de traité international visant à combattre ce trafic en érigeant ces actes en infractions pénales.
• Systèmes de traçabilité et dispositifs de sécurité : L'adoption de technologies telles que les codes-barres 2D (datamatrix) permet de suivre chaque boîte de médicament tout au long de la chaîne d'approvisionnement, garantissant ainsi son authenticité. Depuis janvier 2011, l'utilisation du datamatrix est obligatoire en France pour les médicaments, facilitant la détection des produits falsifiés.
• Contrôles en laboratoire : Les autorités sanitaires doivent disposer de moyens pour analyser les médicaments suspects. Des outils portables, comme le spectromètre TruScan, permettent une vérification rapide de l'authenticité des produits sur le terrain.
• Sensibilisation et information du public : Informer les patients sur les dangers des médicaments contrefaits et les encourager à se procurer leurs traitements uniquement auprès de sources fiables est crucial. Les pharmaciens jouent un rôle clé en conseillant et en éduquant leurs patients à ce sujet.
• Coopération internationale : Les réseaux de contrefaçon étant souvent transnationaux, une collaboration entre les pays est indispensable. Des opérations coordonnées, telles que l'opération Pangea menée par Interpol, ciblent les ventes en ligne illégales et ont conduit à la saisie de millions de médicaments contrefaits.

En conclusion, la thèse de Chloé Bourgoin met en lumière l'ampleur du problème de la contrefaçon de médicaments et propose une approche multidimensionnelle pour y faire face. La combinaison de mesures législatives, technologiques, éducatives et de coopération internationale est indispensable pour protéger la santé publique contre ce danger croissant.